Kratie : à bicyclette dans la campagne et à kayak sur le Mekong

Kratie : à bicyclette dans la campagne et à kayak sur le Mekong

[Nous sommes de retour en France depuis samedi 21 mars. Décision prise d’abord pour des raisons familiales, que nous aurions de toutes façons du prendre pour se mettre en sécurité face au coronavirus. Nous reprendrons notre voyage lorsque nous le pourrons.]

Depuis Phnom Penh, nous décidons de prendre la direction de Kratie, localité connue pour la présence de dauphins du Mekong, non loin.

Nous prenons donc un bus qui, en quelques heures (et un vol de chaussures imaginaire plus tard pour Carmen), nous emmène à Kratie. Depuis l’arrêt de bus, nous prenons la direction de notre guesthouse, où nous attend notre chambre de 3 lits doubles, sans fenêtre et avec mini salle de bain commune. Pour 24$ pour 3 nuits pour 3, ça nous va bien. Il fait une chaleur à mourir dans la chambre ; les deux ventilateurs mis à disposition par nos hôtes nous empêchent de fondre. A quelques pas de notre chambre, l’école du coin. A certaines heures, on entend le cours donné par le professeur. Rien d’exceptionnel dans cette guesthouse, si ce n’est qu’un des enfants a pour jeu principal de voler les petites culottes de sa mère ou de sa sœur et de les étendre un peu partout dans les lieux, notamment dans notre salle de bain, dans laquelle il fait des allers retours incessants.

Le soir, nous partons à la recherche d’un petit restaurant pour nous rassasier. Joseph nous propose Le Tonlé, restaurant solidaire, qui, en plus de réaliser des plats délicieux, aide des jeunes en difficulté (financière la plupart du temps) à se former dans le domaine de l’hôtellerie et de la restauration. Le Tonlé deviendra notre cantine pour notre séjour à Kratie. Nous y retournerons régulièrement et serons toujours ravis, tant par l’accueil que par les bons petits plats typiquement cambodgiens que l’équipe nous concoctera.

Le lendemain, nous choisissons de partir à la découverte de la campagne des alentours de la ville, à vélos. Nous sortons du centre ville et nous retrouvons rapidement sur la petite route longeant le Mekong, entourée de deux rangées de maisons en bois sur pilotis typiquement cambodgiennes. En effet, à la saison des pluies, l’eau monte tellement qu’elle vient jusqu’au dessous des maisons. Nous longeons donc cette localité agréable, répondant aux “hello!” des enfants, qui nous regardent avec autant d’attention que nous les regardons à notre tour. Au total, nous parcourrons 20km à vélo ce jour là. Sur le chemin, lors d’une énième pause (j’étais toujours bien malade et cette journée a été bien difficile pour mon petit corps…), un jeune khmer s’approche de nous pour discuter. Lorsqu’il apprend que nous sommes français, il nous explique que la route sur laquelle nous roulons a été construite par les français, à l’époque du protectorat. Il nous explique également qu’il va à l’école tous les jours, qu’il a notamment des cours d’anglais. C’est une vraie chance de pouvoir échanger avec lui, qui est, là encore, autant passionné parce qu’on lui raconte que nous parce qu’il nous explique. Il a 17 ans, et on sent qu’il a envie d’apprendre beaucoup pour se créer un avenir radieux. On lui souhaite.

Le paysage est beau. Nous apprécions les vues dégagées sur le Mekong que l’itinéraire nous offre, les jolies maisons de bois qui jalonnent le chemin, et les pagodes et temples que nous découvrons en avançant. Ce coin nous paraît un peu hors du temps, comme si les habitants vivaient leur propre rythme ; rythme guidé par le hamac essentiellement.

Lors d’une nouvelle pause (besoin urgent d’un Coca frais pour moi), nous nous arrêtons au bord de la route, dans une sorte de petit café où un gentil monsieur nous accueille. Il nous sert nos Coca et café et nous parle de lui, de son business et de sa famille, qu’il nous montre d’ailleurs en Facetime à ce moment là. Il nous explique que la grande majorité des membres de sa famille sont partis en Thaïlande pour travailler, passant ainsi d’un salaire mensuel de 200$ au Cambodge à un salaire de 900$ en Thaïlande. Lui, il a souhaité rester ici, dans son pays. Et il a monté son petit café, créer sa jolie terrasse, et prévoit de s’agrandir, d’installer deux conteneurs de l’autre côté de la route, face au Mekong, et d’en faire un endroit plaisant. Il a déjà réfléchi à tout, le mobilité, la climatisation, etc. Ça donne déjà envie !

Nous terminons notre trajet du jour dans une pagode située en haut d’une colline. Pendant que Carmen et Joseph partent découvrir le sommet, je profite du banc situé en bas pour me reposer. Quand ils redescendent, un jeune leur demande de faire une photo avec lui. Ils posent donc, fiers, tous les trois.

Le lendemain, nous partons pour notre deuxième journée sportive du séjour ; j’en suis déjà fatiguée. Notre guide du jour, du nom anglicisé de Lucky, nous récupère à 7h30 en bas de notre guesthouse. Dans son tuktuk, il nous emmène au point de départ de notre journée, après avoir récupéré une jeune espagnole sur le chemin. A l’arrivée, nous découvrons les 3 kayaks qui nous permettront de découvrir le Mekong et de nous approcher des célèbres dauphins. Bien que Lucky tente une approche genrée de l’organisation (de type Joseph, comme c’est le seul homme, prendrait le kayak seule et les autres les kayaks biplaces), nous voyons les choses différemment et tout le monde obtient au final ce qu’il désire : la jeune espagnole prendra le kayak seul, Carmen sera en biplace avec notre guide histoire de – pense-t-elle – se la couler douce, et nous serons tous les deux, Joseph et moi (peut-être aurait-il préféré la version de Lucky, mais ça l’histoire ne le dit pas…).

Nous voilà partis à la découverte du Mekong. Nous pagayons vers la mangrove, profitant des explications passionnantes de notre guide. Il nous parle notamment des dauphins que nous sommes venus apercevoir. Ils portent le nom de “dauphins de l’Irrawaddy”, du nom d’un fleuve birman dans lequel vivent aussi ces dauphins. Ces merveilles ont malheureusement été chassés durant la période des khmers rouges, pendant laquelle les habitants n’avaient d’autres choix pour se nourrir. Ces dauphins sont maintenant très méfiants de l’Homme, et c’est tant mieux. Ils continuent de souffrir de certaines méthodes de pêche, comme la pêche électrique, encore pratiquée dans le coin, qui les empêche de se reproduire… Depuis quelques temps, un garde a été recruté pour les protéger. Lucky, notre guide, est très attaché à ces dauphins, il a grandi avec eux. Il a en effet vécu au bord du Mekong toute sa vie ; il y vit encore aujourd’hui, il nous montrera d’ailleurs sa maison sur le chemin du retour.

Nous faisons une petite pause au milieu de la mangrove, le lieu est magnifique. Lucky se baigne dans le Mekong pendant que Carmen et moi essayons de retrouver nos deux bras et nos deux épaules, que nous avons visiblement perdu en chemin…

Lucky nous offre à chacun une mandarine ainsi que du riz gluant mélangé à des haricots ronds, le tout cuit au lait de coco et placé dans un bambou. Un goûter typique que nous avons bien apprécié découvrir 🙂

Lucky connaît parfaitement où se trouvent les dauphins. La raison est pour le moins simple : hors saison des pluies, donc actuellement, le niveau du Mekong baisse drastiquement (tant que notre kayak touche parfois un rocher ou un morceau de bois posé au fond), les dauphins ne peuvent donc plus circuler à leur guise. Ils restent alors dans ce que Lucky nomme “la piscine”, lieu où même hors saison des pluies, ils ont assez de place pour nager et vivre.

Une fois sur les lieux, le silence est le maître mot. Il s’agit d’écouter le bruit que fait le dauphin quand il expire l’air restant dans ces poumons lorsqu’il sort de l’eau pour reprendre un peu d’air. Il faut alors tourner rapidement la tête, et là, la magie opère… Ils sont là. Nous aurons la chance d’en apercevoir plusieurs, parfois seul, parfois en groupe. Magnifique vision. Trop furtifs pour être pris en photo, nous garderons uniquement en mémoire ces souvenirs précieux.

Regardez attentivement cette photo… Si votre vue est bonne, vous pourrez apercevoir le dos d’un dauphin…

Nous partons le lendemain pour une nouvelle destination, plus à l’est : Sen Monorom, la campagne profonde cambodgienne. C’est reparti ! Mais d’abord, pause café pour mes deux acolytes 😉

Crédit de certaines photos de cet article : Carmen 🙂



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