Hô-Chi-Minh-Ville : Saïgon pour les intimes

De Hoi An nous réitérons l’expérience du bus couchette. 24h de bus nous séparent de Hô-Chi-Minh-Ville avec un changement en cours de route.
Nous montons dans le premier bus avec de nombreux autres touristes et passerons la nuit dans celui-ci. Tout se passe bien et la nuit est plutôt reposante ! Comme cela se passait déjà plus au nord, le bus sert également à transporter de la marchandise. A notre premier arrêt nous chargeons des dizaines de sac qui perdent de l’eau dans la soute. Tout le monde croise les doigts pour les sacs à dos dans le compartiment voisin… Un peu plus loin nous faisons un stop technique en bord de 2×2 voies. Le chauffeur se glisse sous le bus, au niveau de la roue arrière droite. Dix minutes plus tard nous voilà repartis sans trop savoir ce qui cloche. Cela n’a pas l’air grave mais nous faisons quand même un second stop quelques kilomètres plus loin sur une aire de stationnement cette fois. Le chauffeur passe encore une fois dix minutes sous le bus et c’est reparti. Ici les chauffeurs font les livraisons et le mécano en plus de la conduite, tout cela sans salir leur chemise.
Nous filons sans encombre jusque Nha Trang ou nous devons changer de bus en milieu de matinée. Avant le lever du jour, nous faisons quand même quelques stops pour livrer (comprendre déposer) les fameux sacs dégoulinant au milieu de ce qui ressemble à un parking. Personne n’est là pour les récupérer mais nous repartons. L’arrêt 2 minutes plus loin m’étonne un peu ; cela ressemble à un restaurant entrepôt marché vendant des fruits de mer, et l’eau qui coulait des sacs ? J’espère un instant qu’il ne s’agissait pas de coquillages encore pleins d’eau de mer…
Tout est bien qui finit bien, on nous dépose à Nha Trang à l’heure et tous nos sacs sont secs.

Nous patientons au café jouxtant le bureau de réservation. C’est l’occasion de voir toute une petite vie s’afférer autour des paquets transportés par les bus pour être livrés en ville. Ici tout se fait au scooter, sans casque et en tongues. Les paquets en polystyrène semblent arriver en bon état.
A l’heure de partir on embarque d’abord dans un minibus pour faire la navette vers la gare routière. Le minibus compte 9 places. Nous voilà à 10 + 10 sacs. Tout va bien. Ce n’est que le temps du transfer nous dit le conducteur, Chloé sur mes genoux…
On nous transfère dans notre second bus, tout aussi confortable que le premier. Cette fois-ci c’est parti pour Hô-Chi-Minh-Ville ou Saïgon comme les vietnamiens continuent de l’appeler.
Le trajet de jour est tout aussi agréable, il fait frais dans le bus bien climatisé. Tout se passe bien sauf quand le chauffeur au moment de la pause de midi pense que son bus est de la taille de la voiture derrière il essaie de se garer… Le pick-up blanc devant nous est à l’ombre de l’avant-toit en tôle servant d’abri pour accéder au restaurant mais également de parking. Le bus mesurant quelques mètres de plus que la voiture, le pare-brise se trouve à la même auteur que la tôle… on se dit que le chauffeur doit venir ici depuis longtemps, et pourtant il emboutit le haut du pare-brise du bus dans la tôle… nous laissant avec le haut de ce dernier complètement fissuré et le toit en tôle comme une canette écrasée… on se dit que le trajet va être long si nous devons attendre un nouveau bus… mais non, ici on répare sur place, au ruban adhésif… plusieurs mètres de ruban autocollant suffisent à assurer le tout et nous permettre de repartir…

En bref, deux bus, deux incidents de parcours, mais tout est bien qui finit bien ! Et en plus, nous avons très bien mangé dans ce restaurant d’étape !
Nous débarquons en début de soirée à quelques minutes de notre auberge. Le dortoir réservé pour l’occasion est super grand et bien climatisé.

Nous déposons nos sacs et sortons manger en bas de chez nous. Un petit restaurant familial attire notre attention, nous y dînerons autour de la spécialité de la maison, un plat suffisant pour deux nous dira le serveur, des nouilles de riz sautées, on n’en avait encore jamais mangé ici. Croyez le ou non, ça a le goût de spaetzle pour ceux qui habitent près de la suisse 😉 Le plat est en effet délicieux.

Nous ne tardons pas et rentrons prendre une bonne douche avant de nous coucher. Alexandre, un jeune français de 30 ans avec qui nous discutons plusieurs minutes avant la douche, nous fait remarquer qu’il n’aurait pas engagé la conversation s’il n’avait pas encore pris la sienne 🙂
Nous nous reverrons plusieurs fois pendant les deux jours que nous passons en ville. Alexandre est en année sabbatique (son employeur est sympa) il est au Viêtnam pour quelques jours après être rentré des Philippines. Nous avons passé une agréable soirée sur un tout petit roof-top en sa compagnie !
A Saïgon nous devons demander notre visa pour le Cambodge pour éviter les tarifs variables aux frontières terrestres, on se dit que le consulat du Cambodge est une bonne alternative. En plus il est a deux pas de notre auberge, dans le quartier d’affaire. Nous remplissons le formulaire et nous délaissons de 940000 dongs (40$) chacun pour avoir notre visa en dix minutes, sinon c’est trois jours d’attente… nous patientons donc 10 minutes et sortons du consulat avec notre joli visa vert nous autorisant un mois de séjour au Cambodge. C’est encore 5$ plus cher que ce que nous devions payer à la frontière (pot-de-vin compris) mais au moins on les donne à ce qui ressemble le plus à une administration… Bref… Nous profitons du reste de la journée pour visiter la ville.
Nous nous rendons notamment au musée des souvenirs de guerre. Impressionnant musée très documenté et chargé de photographies qui donne de très nombreux détails sur la guerre avec plusieurs éclairages historiques, notamment les séquelles laissées par les armes chimiques, sur la faune et la flore mais surtout sur les habitants. On recense encore 4’000 cas de maladie due aux épandages d’agent orange, ultra nocif pour les êtres vivants. La guerre laisse ses traces jusque dans le génome humain… La visite est difficilement soutenable tant les images disponibles sont dures. La première guerre télévisée donne en effet beaucoup d’images pour se souvenir de l’horreur.


En sortant on se demande comment on peut encore faire la guerre après ça… et pourtant…

La journée est quand même belle et pleine de soleil. Un vendeur ambulant avait même réussi à tromper notre vigilance en nous faisant porter son fardeau, un bâton relié à un plateau de noix de coco contrebalancé par une glacière en polystyrène. En moins de deux, nous nous retrouvions tous les deux une noix de coco avec une paille à la main… au moins ça désaltère !
La ville est plus calme que Hanoï, ici on peut même marcher sur les trottoirs. Nous profitons des belles rues pour se balader, visiter l’ancienne poste française et la cathédrale Notre-Dame. Nous avons aussi mangé pas mal de sandwichs à l’ombre des grands parcs entourant le palais de la réunification. On se sent bien ici.
De Hô-Chi-Minh nous réservons un bus pour nous rendre à Chau Doc, notre dernier stop pour une nuit avant d’embarquer pour le Cambodge que nous rejoindrons donc par le Mékong. On a hâte !