Du Viêtnam au Cambodge via le Mekong

Depuis Hô-Chi-Minh-Ville, nous décidons qu’il est temps de rejoindre le Cambodge. Comme conseillé par les deux jeunes vietnamiennes rencontrées au parc national de Ba Be, nous traverserons la frontière par le Mekong.
Nous prenons donc un bus en direction de Chau Doc, un village près de la frontière d’où partent les bateaux effectuant la traversée. Le trajet en bus couchettes (notre dernier !) se passe très bien, nous discutons lors des pauses avec un canadien se rendant au même endroit. Arrivés à Chau Doc, le bus nous laisse plus loin que prévu, nous marchons donc sous un soleil de plomb pendant 40 minutes pour rejoindre notre petit hôtel pour la nuit. Notre hôte nous accueille, adorable, et nous emmène jusqu’à notre petite chambre avec fenêtre donnant dans l’escalier intérieur, ce sera parfait pour la nuit.
Histoire de combler nos estomacs vides, nous décidons d’entrer dans un restaurant végétarien qui a l’air très chouette. Devant l’entrée, deux européennes qui hésitent entre ce restaurant et celui d’à côté. Elles finiront par aller dans l’autre avant de revenir quelques secondes plus tard. Nous les recroiserons d’ailleurs le lendemain matin à la frontière cambodgienne. La patronne nous prépare une assiette de sa composition avec du riz, des légumes et ce qui doit être du tofu ; on se régale.
Nous poursuivons l’après midi par la découverte de cette petite ville. Nous pensions pouvoir nous balader le long du Mekong, mais celui-ci est accessible uniquement via les maisons des habitants, qui donnent directement dessus. Nous orienterons donc notre visite vers le marché de la ville, où les poissons sont encore vivants bien qu’à même le sol en attendant d’être vendus. Au moment de la vente, la vendeuse donnera un bon gros coup de gourdin au poisson, qui sera alors beaucoup moins vivant. Une autre dame est assise sur une grande table en bois sur laquelle trône des morceaux énormes de viande, posés à même la table et en pleine chaleur. Elle passe la journée à faire fuir les mouches qui viennent se poser sur la chair fraîche, à l’aide d’une tapette à mouche rallongée d’un manche pour avoir plus d’amplitude. Plus loin, des vendeurs de fruits, on le vit mieux.
Après ces découvertes toujours surprenantes même si ce n’est pas la première fois qu’on les voit, nos estomacs commencent à nous faire signe à nouveau. S’étant régalés à midi, nous décidons de retourner au restaurant végétarien. La dame nous donne cette fois-ci un menu. Les lignes “poulet”, “bœuf” et autres nous interpellent ; la patronne a du réaliser dans la journée que la viande c’était quand même bien bon.

Nous rentrons dans notre petite chambre pour se reposer avant le lendemain. Le réveil sonne à 6h puisque nous avons rendez-vous avec notre chauffeur de cyclo pousse au rez-de-chaussée à 6h45, service compris dans le billet de bateau. Nous descendons un peu plus tôt pour rendre la clé de notre chambre à notre hôte et le saluer. Notre chauffeur est déjà là. Nous installons nos sacs et montons sur sa petite charrette qu’il tire grâce à un vélo qui doit avoir le même âge que le monsieur, c’est à dire plus tout jeune. A peine 5 minutes plus tard, nous arrivons à destination. Nous avions prévu de donner un pourboire à ce monsieur au travail difficile, mais il nous l’a de toutes façons demandé, donc on ne craignait pas d’oublier.

Nous arrivons à l’embarcadère et montons dans notre engin du jour. Le bateau se met en route. Je m’installe à l’arrière, à l’extérieur, alors que les passagers préfèrent l’intérieur de l’embarcation. Direction : Cambodge.
Avant d’entrer sur la rivière principale, nous empruntons le bras qui nous permettra de la rejoindre. Plus fin, il permet de découvrir les habitations et les embarcations, utilisées pour faire du commerce pour la plupart. La lumière du matin est douce, elle reflète à merveille la beauté des lieux. Nous avançons doucement, profitant du paysage. Quelques habitants sont sur leurs bateaux, ils pêchent ou se déplacent pour aller vendre leurs productions.
Un premier arrêt est effectué à la frontière vietnamienne. Nous descendons du bateau et entrons dans une petite pièce organisée autour de quelques tables et chaises, quelques paquets de chips à vendre et une dame proposant de changer des devises. Un agent de la compagnie du bateau nous avait récupéré nos passeports avant la descente du bateau, c’est lui qui s’occupe de nous obtenir les tampons de sortie du pays. Quelques minutes après, nous remontons à bord.
Quelques tours de moteur plus loin, nous nous arrêtons à nouveau, cette fois-ci pour la frontière cambodgienne. L’agent nous rend alors nos deux passeports, puisque nous avons déjà nos visas ; nous pouvons passer directement au guichet de police pour donner nos empreintes digitales, être pris en photo et obtenir le tampon d’entrée dans le pays. Les autres doivent payer 4$ à l’agent du bateau pour qu’il s’occupe de leur obtenir le visa. Haha, comme ils se font avoir… Ils vont payer 34$ au lieu de 30… Alors que nous, en le faisant faire à Hô-Chi-Minh-Ville, on l’a payé… 40. Ha. Ha. Bon et puis c’est pas vraiment le temps que ça fait gagner qui est intéressant, puisqu’on doit maintenant attendre les autres. On s’installe sur un petit banc à l’ombre pour oublier cette mauvaise affaire, au départ mise en œuvre pour justement en faire une.

Nous repartons quelques temps après à bord de notre bateau, et naviguons cette fois sur le bras principal du Mekong, qui est très large à cet endroit.
Environ 6h après notre départ de Chau Doc, nous arrivons à Phnom Penh. Assez étonnant d’arriver en pleine ville depuis un bateau… Le débarcadère est étonnant. Des gens attendent certains des passagers du bateau, leur parlant dans leur langue : français, espagnol et autres langues indéterminées. Pour rejoindre la route, il faut emprunter une passerelle inclinée (beaucoup inclinée !) en métal. Avec nos sacs à nos, c’est facile. Un peu moins pour ceux qui ont des valises et qui risquent à tout moment de se faire embaler par l’objet… D’ailleurs, s’affairant pour, eux, rejoindre le bateau depuis la ville, une dame criera à son époux, en français : “Tombe pas, chéri, hein !”. Parce qu’il est bien connu que dire à quelqu’un de ne pas tomber ôte tout risque d’incident. Depuis, je dis régulièrement à Joseph (un peu fort dans la rue, parce que c’est plus drôle) cette même phrase, et on se marre. Oui, vivre en vase clos pendant des mois, ça rend pas bien plus intelligent…
Nous voilà arrivés à Phnom Penh, d’où nous allons repartir en bus pour Kep, notre prochaine destination, après avoir mangé dans notre premier petit restaurant khmer pour quelques dollars.