Hong-Kong, le monde entier dans une ville

Notre visa chinois étant valable pour deux fois un mois, nous étions tenus de quitter le territoire à la fin du premier mois, puis de rentrer à nouveau afin de déclencher notre second mois de visa. Pour nous plier à cet impératif administratif, nous avions décidé de faire un tour à Hong-Kong. Cette région au régime administratif spécial n’est pas tout à fait la Chine, mais pas tout à fait un pays indépendant. Vous avez certainement entendu parler des gens dans la rue pour la demander cette indépendance justement. De France cela nous paraissait bien éloigné. Mais sur place, on se rend mieux compte des enjeux.
Nous embarquons dans le train à grande vitesse qui relie la Chine continentale à Hong Kong. Le train est profilé comme une fusée… On s’en étonne d’ailleurs, puisque notre destination depuis la grande ville frontière de Shenzhen n’est qu’a une trentaine de kilomètres. Inutile de dire que le trajet passe bien vite. Moins de 15 minutes plus tard, nous nous retrouvons dans la gare de Hong-Kong. Nous nous réjouissions de découvrir le paysage qui entoure la ville, mais non, le train effectue la totalité du trajet sous terre… Un TGV/métro, on n’en avait jamais pris !

La gare est aussi le poste frontière. Nous devons d’abord sortir officiellement de Chine. Un douanier vérifie nos empreintes, notre passeport et tamponne notre visa pour la seconde fois. Ensuite nous traversons la zone de contrôle médical. Toute personne avec de la fièvre ou des symptômes d’une quelconque maladie doit être vue par un médecin avant de mettre le pied sur le territoire. Nous arrivons ensuite devant les douaniers hong-kongais qui vérifient à nouveau nos passeports et nous remettent l’équivalent d’un visa valable 3 mois sur papier libre de la taille d’un timbre. Nous y voilà.
Nous sortons de la gare direction le métro puis arrivons au pied de notre hôtel. Précisons que nous n’avons pas revu le ciel depuis la gare de Shenzhen puisque tout le trajet jusqu’à la bouche de métro au pied de notre hôtel s’est fait en souterrain, gare, douane et transfert train/métro compris.
Il fait chaud. Le train annonçait 30 degrés à l’extérieur. Après deux mois d’hiver en Russie et dans le nord de la Chine, nous nous retrouvons en plein été. Cela donne un air de vacances 😉. Nous quittons nos sweats et cherchons nos lunettes de soleil. Le pied.
Notre chambre se trouve dans une grande tour (toutes les tours sont grandes ici). Première étape, dépasser les vendeurs à la sauvette qui occupent tout le rez-de-chaussée, qui est en fait un petit quartier à lui tout seul, abritant des dizaines de boutiques de téléphones et petits restaurants, l’ambiance est étrange.
Nous trouvons l’ascenseur qui nous mènera à la réception. La chambre se trouve elle dans une autre partie de l’immeuble. Hop’ retour dans le marché couvert pour remonter de l’autre coté. La chambre est minuscule, la surface du lit est en fait la surface de la pièce. Un petit bloc de douche/wc fait face à la porte. 9m2 pour une semaine. Ce sera notre petit nid douillet ! Notre chambre est petite, mais on s’y fait plutôt bien, nous avons une fenêtre, ce qui est un luxe et le lieu est incroyablement calme et propre. Nous sommes en plein centre, à 5 minutes de l’océan. Le top.
Nous en avions eu le sentiment à Shanghai, mais ici, nous nous sentons vraiment comme deux anonymes. La mixité est flagrante. On trouve des gens du monde entier. Il est aussi très agréable de pouvoir échanger quelques mots avec les personnes que nous croisons en anglais.
Depuis notre petite chambre nous explorons la ville à pied. Les grands axes sont larges et bondés. Ils sont presque tous bordés de grandes marques internationales. Les buildings occupent tout le paysage. Il est difficile de suivre un chemin, tant les trajets sont à penser en 3 dimensions, et non seulement à plat. Il faut passer sous une route, puis à travers la galerie au premier étage de l’immeuble d’en face. Les galeries du métro donnent l’impression d’une ville sous la ville. Il faut penser à bien choisir sa sortie, pour ne pas aboutir à l’autre bout du quartier !
Nous profitons largement de la promenade au bord de l’eau, le léger vent s’accorde très bien avec le grand soleil pour nous donner une météo très agréable. On se sent vraiment en vacances, avec glace au bord de l’eau et tout et tout.
Le métro nous emmène très facilement sur l’île de Hong-Kong. Nous découvrons l’autre coté de la ville tout aussi pleine de vie.
La nuit, la ville s’illumine d’enseignes lumineuses. Historiquement faites de néons, ces enseignes sont petit à petit remplacées par des enseignes à LED. Certes plus économiques, mais également moins jolies et plus industrielles… Les néons étaient fabriqués à la main par des artisans, car il n’est pas possible de produire des sinogrammes en verre mécaniquement… Ce savoir-faire se perd. Nous trouvons quand même quelques enseignes qui subsistent dans les rues plus populaires, loin des grandes marques qui ont opté pour des écrans publicitaires.
L’autre point d’intérêt nocturne reste la fameuse symphonie des lumières sur les building de l’autre coté de la baie. On se retrouve donc au bord de l’eau vers 20h, pour découvrir le spectacle. Finalement, c’est quand même un peu sur-vendu… Les buildings s’éclairent et s’éteignent, les écrans publicitaires à leurs sommets clignotent de couleurs vives, le tout presque en rythme avec une musique électronique… Avec des lasers verts dans le ciel. C’est kitsch.
Nous avons beaucoup apprécié la visite du centre d’art. L’exposition A Sense of Place: from Turner to Hockney était vraiment très belle. Le lieu est très bien organisé et très accessible. Il donne envie de rester regarder les œuvres. Nous avons également pu découvrir quelques artistes chinois, dont l’important peintre Wu Guanzhong que nous avons adoré. La rétrospective qui lui est consacrée donne un très bel éclairage sur son œuvre. On y voit notamment bien les connections faites entre la peinture traditionnelle chinoise et les pratiques contemporaines occidentales comme l’abstraction qui l’avait marquée durant ses études à Paris. Très très beau.


Wu Guanzhong
Nous terminons notre semaine par l’ascension du pic Victoria, le point culminant de l’île de Hong-Kong qui nous emmène à 552 mètres au-dessus du niveau de la mer. C’est par l’université de la ville que nous débutons notre petite marche, en effet l’un des chemins débute par le parc de l’université devant laquelle un garde filtre les entrées. Nous sommes deux visitors comme il dit avant de nous laisser passer. La marche est très agréable dans une forêt assez dense, il fait chaud, on s’éloigne de la ville, c’est super. Le sommet donne un très beau point de vue sur l’ensemble de la ville sur le continent et sur l’île à proprement parlé. On se rend compte ici (encore plus que dans ses rues) de l’étendue de cette ville et de sa densité extraordinaire. L’ascension est couronnée par un pique-nique à base de sandwichs fait main, d’une bière et de chips. Le repas parfait.
Nous quittons le lendemain la ville par le même chemin par lequel nous sommes rentrés. Re-prises d’empreintes, re-tampons sur nos passeports, re-train à grande vitesse sous-terrain. Nous revoilà en Chine !