Le trans-mongolien et Oulan-Bator, une belle introduction à la Mongolie

Nous avons dû finir par quitter la Russie, notre visa d’un mois s’achevant. C’est par le trans-mongolien que nous le faisons. De la frontière russe à la frontière chinoise nous devons faire escale à Oulan-Bator pour récupérer nos billets pour Pékin. Le système de réservation des trains chinois étant exclusivement en chinois, nous avons dû solliciter un service de réservation qui se charge de commander et de livrer les billets en main propre. Ce système était également nécessaire pour pouvoir demander notre visa puisque les billets ne sont mis en vente que 30 à 45 jours avant le départ, ce qui était bien trop court pour notre visa.
Cette escale a Oulan-Bator sera aussi l’occasion de se reposer un peu, tout en découvrant la ville tranquillement et, comme à notre habitude, à pied.
Pour quitter la Russie, nous montons dans notre dernier train russe à Irkoutsk qui est en fait déjà un train chinois parti 5 jours plus tôt de Moscou. Cette première expérience du petit frère du transsibérien est un peu désagréable tellement le train est froid, il faut dire qu’il manque la troisième vitre d’isolation dans tout le wagon… Nous sommes aussi surpris de la dureté des couchettes, les matelas sont tout simplement remplacés par une couverture en feutre découpée à la taille de la couchette. Autant dire que nous n’avons pas passé la meilleure nuit du séjour dans ce train.
Nous filons lentement vers la Mongolie, dans un compartiment de 4 places que nous partageons avec une russe un peu plus âgée que nous et qui avait l’air très heureuse de voir le lac Baïkal. Nous pensions qu’elle nous le présentait, fière de cette merveille naturelle de son pays, mais nous comprendrons plus tard qu’elle (aussi) le voyait pour la première fois…
Nous échangeons quelques mots sympathiques avec cette dame qui était dans le train depuis 2 ou 3 jours déjà pour se rendre en Mongolie. Elle a quitté le train en pleine nuit, juste après la frontière, recouvrant Chloé de sa couverture pour l’aider à se réchauffer dans cette cabine glaciale. Un ange, cette dame !
Le passage de cette frontière se passe en deux temps, un premier passage des douanes russes, puis mongoles, le tout sans sortir du train. C’est aussi l’occasion de changer de wagon restaurant. Oui oui. Parce que, le restaurant, il est russe en Russie, mongol en Mongolie et chinois en Chine. Donc pour que ça soit plus simple, on change de wagon.
Ce n’est finalement pas si long que ça, et ça réchauffe l’atmosphère ! Après avoir rapidement vérifier sacs et coffres sous les sièges, récupéré nos visa avec leur deuxième tampon russe et le premier tampon mongol, nous pouvons terminer notre périple vers Oulan-Bator.
Nous découvrons la capitale Mongole à 6h du matin en sortant du train. Nous sommes fatigués de cette nuit pas très reposante et il fait très froid. A première vue, la ville est très grande et les chaussées vieillissantes, nous filons vers notre auberge pour nous réchauffer !
Cette petite guesthouse sera notre chez nous pour quatre jours très reposants. Il y a très très très peu de touristes en décembre à Oulan-Bator, et ce n’est pas pour nous déplaire, il fait grand beau, la ville est vaste et on voit les montagnes environnantes enneigées, c’est envoûtant.

Je ne sais pas si c’est le fait d’être là seulement pour quatre jours suspendus entre la Russie et la Chine, ou si c’est l’ambiance de la ville, mais Oulan-Bator a un goût de reviens-y. Comme si on en gardait pour plus tard, comme le bon morceau qu’on garde pour la fin… Les gens sont très agréables, accueillants, déjà les deux douanières dans le train partageaient une certaine joie de vivre, contrastant quelque peu avec leur collègue russe, à l’expression plus austère.
On se sent bien ici, en se disant qu’il faudra revenir pour découvrir les steppes, le désert et les yourtes de la campagne mongole. Pour le moment nous nous contentons des environs de la ville que nous n’arrivons presque pas à quitter tellement elle s’étale jusque sur les collines voisines. Nous profitons également de la très bonne gastronomie locale ; le petit restaurant vegan [prononcer végant] partageant l’entrée du temple bouddhiste à coté de chez nous est rapidement devenu notre cantine de prédilection.
Ce sentiment sera encore plus fort lors de la seconde partie du trans-mongolien. Quitter la capitale au petit matin et profiter du lever de soleil en sillonnant la steppe, c’est à couper le souffle. Le paysage est magique, givré par l’hiver arrivant et illuminé d’une lumière rougeoyante et froide sous un ciel infiniment bleu. Nous qui avions prévu de continuer notre nuit, c’est raté, nous ne perdons pas une seconde de ce spectacle. Ce nouveau train, toujours chinois, est bien plus confortable que le précédent, les banquettes sont neuves et il fait chaud, et ça ça change tout ! Nous sommes réconciliés avec le trans-mongolien.
Plus au sud, durant la seconde journée de voyage, nous apercevrons même les chameaux de Mongolie, majestueux animal qu’on imagine plutôt sur du sable en Égypte sous 40º, mais cette espèce aux poils longs est très bien adaptée au climat mongol. Il sont beaux, en troupeaux plantés là à grignoter les herbes rases. On n’en revient pas.

Le voyage est paisible et méditatif. Jusqu’au moment d’arriver à la frontière chinoise qui se passe avec un peu plus de contrôles que la précédente… Comme pour le frontière russo-mongole, nous obtenons notre second tampon du pays que nous quittons, puis rencontrons les douaniers chinois, qui montent dans le train pour vérifier les passeports. “Welcome to China” nous lâche le second douanier avec un grand sourire. Puis on nous signale qu’il est maintenant temps de prendre nos affaires et de descendre du train pour passer la “vraie” inspection. Celle qui se passe dans la gare. Nous descendons, avec l’ensemble du wagon qui nous semble avoir été réservé aux étrangers, c’est en effet le seul dans lequel tous les passagers parlent anglais. Nous suivons le fléchage, et nous retrouvons dans ce qui pourrait être un hall d’aéroport. C’est le moment de remplir une carte d’immigration, qui sera remise à l’officier des douanes au guichet. Tout cela se fait dans un certain désordre, qui ne semble pas déranger les policiers. Après avoir indiqué notre destination, laissé notre portrait et les empreintes de nos dix doigts, nous pouvons accéder au scanner à rayon X (le plus gros que je n’ai jamais vu, sans rire) avant d’être dirigés vers une salle d’attente. Tout cela sous le regard d’un nombre incalculable de caméras de vidéosurveillance. Nous attendons avec les passagers que nous reconnaissons, en nous disant que si tout le monde attend là, c’est qu’on est bien au bon endroit.
Nous savions que les voies de chemin de fer russes et chinoises n’avaient pas le même écartement. Ce passage de frontière est aussi l’occasion de changer, non pas de train, mais de roues. Il est semble-t-il plus simple de soulever le wagon sur de nouveaux essieux que de changer de train. Ce processus est assez long, et cela explique l’escale prévue de 5 heures à la douane.

Quand le chef de train signale à la salle d’attente que nous pouvons rejoindre notre compartiment, la foule que nous formons alors dégage comme un souffle de soulagement collectif. Nous remontons dans le train une heure avant le départ, c’est peu de chose, mais suffisant pour nous donner à tous un petit plaisir.
Une fois reparti, tout le train s’endort paisiblement dans l’attente du réveil à Pékin 9 heures plus tard !

Ça y est, nous avons rejoint la Chine sans avion. On est assez fiers en fait 😉