Angkor et toujours

Après 8h de route qui passent bien vite depuis Sen Monorom, nous voilà arrivés à notre dernière destination de cette – disons – première partie de tour du monde. Nous savons que nous partons dans 5 jours. Nous sommes donc bien décidés à en profiter.
Nous sommes déposés par notre minibus à la gare routière. A sa sortie, des conducteurs de tuk-tuks nous attendent, prêts à nous convaincre de nous emmener à notre hôtel, situé trop loin pour nous lancer à pieds. Bien décidée à négocier un bon prix (hé ho, on n’est pas fous, hein), je demande son prix au conducteur, suite auquel je lance un “ok” immédiat. Bravo pour la négo, vraiment bien réussie. Carmen rattrape un peu le coup en faisant baisser le prix d’un dollar, c’est déjà ça.
Arrivés à notre hôtel, offert par Carmen, nous nous voyons offrir un rafraîchissement puis un membre de l’équipe nous propose de changer d’hôtel pour être plus au calme. Ils ont plusieurs bâtiments et dans l’autre, nous dit-il, la piscine est plus intimiste, elle n’est pas située à côté du restaurant. Nous acceptons cette offre alléchante et découvrons donc notre chambre dans hôtel avec piscine, superbe. Nous sommes ravis et profiterons du lieu pendant ces 5 jours sur place. Au bord de la piscine, une bière à la main, nous passerons de belles soirées.
Pour notre première soirée, nous profiterons du bar et restaurant de l’hôtel pour nous offrir cocktails et bières, nems et crevettes frites. Et un burger pour Joseph, bien sûr.
Après une bonne nuit de sommeil, nous découvrons les alentours et décidons de nous rendre en fin de journée vers Angkor Wat, le plus célèbre des temples d’Angkor.
Quand il s’agit de trouver un tuk-tuk et de négocier les prix, je me tiens prête. Un conducteur nous interpelle et nous propose 5 dollars, je dis oui. Parfait, encore bien réussi la négociation. Je me fais moquer par mes compagnons du jour, mais tant pis, nous voilà partis vers le célèbre site d’Angkor.
Petit point culturel et historique. Angkor est un site archéologique composé d’un ensemble de temples en ruines. La cité fut capitale de l’Empire khmer entre le 9e et le 15e siècle environ et est maintenant classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Quand on va au Cambodge, c’est pour visiter ces fameux temples. Beaucoup d’ailleurs font un crochet au Cambodge lors d’un voyage au Viêtnam ou en Thaïlande, juste pour les visiter ; c’est dire.
Nous arrivons au guichet pour acheter nos tickets d’entrée. Ils sont vides. Nous sommes seuls à acheter nos tickets. Tickets qui d’ailleurs sont proposés à des prix défiant toute concurrence : un pass 2 jours au prix du pass 1 jour, un pass 5 jour au prix du pass 3 jours, etc. En cause : le coronavirus qui ne favorise pas le tourisme, alors ils essaient tant bien que mal de faire venir les touristes sur les lieux. Nous achetons donc un pass 3 jours que nous pourrons donc utiliser pendant 5 jours, trop chouette. Le tout en 2 minutes, alors que des articles pullulent sur Internet pour connaître toutes les techniques pour ne pas passer trop de temps en caisse (horaires à privilégier, guichet à préférer, etc.). Habituellement, les touristes passent une bonne partie de la journée rien que pour acheter leur ticket d’entrée. Quelle chance nous avons.
Notre chauffeur de tuk-tuk nous emmène jusqu’à l’entrée d’Angkor Wat. Mais pas vraiment l’entrée, puisque nous arrivons par l’arrière du bâtiment. Ce qui était au départ un hasard se révèlera être un excellent choix, puisque nous découvrirons la vue sur Angkor Wat si connue – celle menant au centre du bâtiment avec la grande avenue au centre – qu’en fin de parcours. Nous appréhenderons donc le bâtiment de manière différente, réellement comme une découverte.
L’extérieur du temple est incroyable. Et que dire de l’intérieur… des bas reliefs couvrent une grande partie des murs, et donnent au lieu une atmosphère fabuleuse. Ces sculptures sont impressionnantes, gravées avec une précision stupéfiante et qui sont encore là, 9 siècles plus tard… saisissant.
Le plus beau dans tout ça, c’est notre quasi-solitude dans la découverte de ce lieu. En effet, le virus mondial a déjà pris du terrain, les touristes s’en vont d’Asie et n’arrivent plus du tout. Les lieux se vident, et nous, qui partons dans quelques jours, avons la chance immense de découvrir les lieux sans la horde de touristes habituels. Au moment de monter à l’étage du temple, un panneau avertit “2h d’attente à ce point”. Nous, on passe devant le panneau, à peine le temps de lire son contenu puisqu’on est déjà arrivé en haut, sans attendre une demie seconde. Hé oui, quand on vous dit qu’il n’y a personne…
Nous poursuivons notre découverte du temple et notons tous les détails architecturaux que nous apercevons. Les escaliers sont incroyablement “pentus” et les marches courtes. On se demande quel type de pieds avaient les gens, qui, à l’époque, devaient les emprunter…
Nous terminons la visite d’Angkor Wat par l’angle de vue le plus connu : le temple de face, au bout de cet immense cheminement. Cheminement habituellement rempli de touristes qui, ce jour là, nous appartient. Quel plaisir de pouvoir contempler ces lieux si historiques et qui semblent figés pour l’éternité dans un silence le plus reposant.
Nous quittons Angkor Wat, se retournant à plusieurs reprises pour, encore une fois, apprécier ce décor époustouflant qu’offre ce temple hors du commun. On comprend pourquoi il attire quantité de visiteurs.
Pour profiter du coucher de soleil, direction Phnom Bakheng, à une trentaine de minutes à pied, en longeant la route. Les chauffeurs de tuk-tuk s’arrêtent à notre niveau, les uns après les autres, pour nous proposer leurs services. Mais on est motivé, on veut marcher (les prochains jours, nous opterons tout de même pour le service d’un tel chauffeur, histoire de ne pas parcourir tous ces kilomètres séparent les temples sous une chaleur de plomb). Après une bonne marche et une bonne montée, nous arrivons au temple, en hauteur.
De là haut, on aperçoit Angkor Wat au loin, émergeant de la jungle environnante. On ne peut qu’imaginer le jour où il a été découvert à nouveau, après des siècles passés caché au cœur de tous ces végétaux. La vue est magnifique d’ici, et avec le soleil qui se couche en plus…

Nous montons d’un étage pour admirer le coucher du soleil. En bas, un panneau annonce que la zone du haut est limitée à 300 personnes. On imagine donc le monde qu’il doit y avoir d’habitude. Par chance, nous ne sommes pas très nombreux ce soir. De quoi voir le soleil se coucher sans sautiller derrière celui ou celle nous gâchant la vue. Enfin “coucher de soleil” est un bien grand mot, puisque les nuages gâchent un peu le spectacle. En redescendant, Joseph lâchera même un “ils ont même annulé le coucher du soleil à cause du coronavirus”, ce qui fera ricaner une jeune fille nous précédant. C’est comme cela qu’on arrive à savoir qui parle français, quand les gens rient aux blagues de Joseph… ou pas.
A peine sortis de la zone du temple, un chauffeur de tuk-tuk nous accoste, pour nous ramener à Siem Reap. Mais nous n’avons pas encore terminé, nous voulons voir Baksei Chamkrong, autre temple à quelques mètres d’ici. Le chauffeur nous propose alors de nous y emmener et de nous attendre pour ensuite filer sur Siem Reap. Carmen négocie alors le trajet pour 4 dollars, prix auquel nous avons payé l’aller, lui dit-elle. Un peu menteuse, mais ça marche.
Notre chauffeur nous ramène à notre logement et nous négocions (cette fois je me tais, je laisse faire mes acolytes) la journée du lendemain. Le rendez-vous est donné à 5h pour profiter du lever de soleil sur Angkor Wat.
Le lever de soleil sur Angkor Wat, c’est un peu le “must do” (le “à faire”) quand on visite le site d’Angkor. On se plie donc au jeu, même si se lever alors qu’il fait encore nuit n’est pas vraiment notre truc, à Joseph et moi… Notre tuk-tuk nous attend, c’est parti, cheveux au vent dans la nuit du matin, pour rejoindre le fameux spot où le lever de soleil se fait attendre. Comme la veille, il n’y a pas grand monde. En tout cas par rapport à la masse de touristes habituelle. Des vendeurs ambulants de café se joignent aux spectateurs. Le ciel se colore en rose dans les minutes qui suivent, malgré les nuages qui participent également au spectacle.
Après que le soleil soit levé, les touristes se ruent pour visiter Angkor Wat avant de débuter le tour des autres temples. Nous, ayant visité Angkor Wat la veille, rejoignons notre chauffeur du jour pour aller directement au temple suivant.

Le temple du Bayon nous attend, avec ses tours flanquées de visages. Ce temple était le temple central de l’ancienne ville d’Angkor à l’époque, on comprend pourquoi. Des singes jouent gentiment à l’arrière du temple et au dessus des murs. Joseph et moi, on n’est pas très rassuré. Je crois qu’on ne le sera plus jamais haha.
La journée se poursuit avec de nombreux autres temples. Notre chauffeur nous dépose, nous récupère, et ainsi de suite dans l’ensemble des temples du cœur de la zone d’Angkor : Preah Khan, Neak Pean, Ta Som, East Mebon, Pre Rup, Banteay Kdei, Ta Prohm et Ta Keo. Autant de noms pour autant de temples uniques et différents les uns des autres. Par leur couleur, leur forme, leur construction, leurs bas reliefs, leurs escaliers, ils ont chacun une âme particulière ; on ne se lasse pas de les découvrir. Comme précédemment, nous sommes seuls ou presque dans ces lieux incroyables, chargés d’histoire et montrant à quel point l’Homme a, parfois, su faire des choses fabuleuses.
Le célèbre Ta Prohm nous impressionne particulièrement. Temple rendu célèbre par Tomb Raider, on se prend à s’imaginer Lara Croft sortant par la porte principale. L’arbre et le temple ne font qu’un, c’est impressionnant.
Nous terminons la journée épuisée. Joseph et Carmen trainent les pieds, moi je profite de ma santé nouvellement retrouvée donc je suis au taquet. La journée se termine, nous rentrons sur Siem Reap, fatigués mais tellement ravis de cette journée que nous venons de vivre. Magique.
Le lendemain, nous décidons de rester sur Siem Reap et de faire une pause dans notre découverte des temples, dont les prochains sont plus éloignés, en prenant le temps de découvrir la ville. Nous visitons le musée national d’Angkor, qui ne nous convainc pas franchement. On n’en apprend pas beaucoup sur l’ancienne citée, on est un peu déçus. Mais il y a la clim, alors on se rafraîchit un peu.
On profite de la journée pour visiter la ville, ses temples et ses marchés. Il y a très peu de touristes, chacun essaie de faire son petit business. Carmen négocie et négocie encore au marché, elle est plutôt performante dans le domaine.
Nos deux activités préférées à Siem Reap, ce sont les apéritifs au bord de la piscine et les repas dans un petit restaurant que nous avons découvert et adopté immédiatement. Mon plat préféré : le riz frit à l’ananas. Ou plutôt un ananas au riz frit. Bref, un délice. Testé à 3 reprises, validé à 3 reprises 🙂
Le jour suivant, nous décidons de nous rendre dans deux temples situés plus loin que le site principal. Nous cherchons un tuk-tuk un peu plus puissant que les autres et tombons sur un adorable chauffeur, qui nous propose ses services pour un prix défiant toute concurrence. Les touristes se faisant rares, on sent qu’ils ont vraiment besoin de travailler tant ils proposent le prix que nous aurions négocié. Nous n’avons même pas le cœur à négocier (ça tombe bien, de toutes façons on ne sait pas trop trop faire) tant le prix est raisonnable. Sur le chemin vers les temples, il nous propose de nous arrêter au musée de la mine, tout proche. On tente le coup, ne sachant pas trop à quoi nous attendre. Finalement, c’est un bon musée, les explications sont de qualité et nous découvrons une nouvelle fois les horreurs de la guerre. L’école attenante accueille des enfants et des jeunes victimes des mines, qui sont, bien heureusement, de moins en moins nombreux. Nous apprécions la visite et partons en direction des prochains temples.
Le premier : Kbal Spean. Notre chauffeur du jour nous dépose au parking, d’où il faut marcher, longtemps selon lui, jusqu’au fameux temple. 30 minutes plus tard, nous arrivons sur les lieux. Mais pas de temple à l’horizon. En réalité, la visite se limite à quelques pierres gravées posées sur le sol et quelques aménagements de l’époque. Bon, mes commentaires sont un peu orientés parce que j’étais déçue de ne pas voir de temple à proprement dit. Si Joseph ou Carmen vous racontait la visite, ils vous diraient que C’ETAIT GENIAL. Donc, nous vous laissons vous faire votre propre idée en regardant les photos J Ce site archéologique est connu pour son (spectaculaire, paraît-il) lit de rivière sculpté, enfoncé dans la jungle. On aperçoit en effet des lingas (objet principal du culte dans les temples shivaïtes) minutieusement sculptés dans le lit de la rivière, ainsi que des images de divinités hindoues. C’est vrai qu’il est, il faut bien le dire, assez fou de se retrouver sur ce site.
Vient ensuite le prochain temple du programme : Banteay Srei. Alors là, nous n’étions pas prêts à autant de beauté. Ce temple restera notre préféré de notre découverte du site d’Angkor, tant il est incroyable. Sculpté de toutes parts, il comprend plusieurs parties, de somptueuses portes, de belles tours. Les bas reliefs sont exceptionnels. On se demande comme il est possible qu’ils soient encore si beaux et bien conservés. Nous sommes sous le charme. On fait le tour encore et encore, on le regarde depuis le côté, depuis l’avant, depuis l’arrière, on se met face à la porte principale et regardons les suivantes s’aligner, bref, on le garde sous toutes les coutures tant il est beau.
Quelle belle manière de terminer cette visite du site d’Angkor. C’est en effet le dernier jour de Carmen, qui rentre le lendemain en direction de la France. Notre avion a quant à nous été reporté d’une journée, nous avons donc encore la journée de demain pour une dernière virée dans les temples.
C’est le cœur lourd que nous accompagnons Carmen à son bus le lendemain matin. Nous avons passé deux merveilleuses semaines ensemble, et, une fois le bus parti, on se sent un peu seuls avec Joseph… Un chauffeur de tuk-tuk vient rapidement rompre notre solitude. Notre super chauffeur d’hier nous a vu passer lorsque nous accompagnions Carmen à son bus et nous a reconnu, il nous propose ses services. Nous acceptons (sans négocier encore une fois, son prix étant le nôtre…) et partons à la découverte de Rolous Group, un ensemble de temples, et de Banteay Samre.
Moins impressionnants que certains, ces temples sont quand même superbes et nous invitent à la découverte. Nous nous permettons même le luxe d’attendre que les quelques touristes présents sur le site aient terminé leur visite pour entrer à notre tour sur le site. Oui, parce que prendre une photo d’un temple d’Angkor avec personne dessus, c’est un luxe qu’on ne se refuse pas lorsque c’est possible 🙂
A Banteay Samre, Joseph me multiplie. Visiblement, une seule Chloé ne lui suffit pas… 🙂

Quelle belle dernière journée. Les temples d’Angkor sont une merveille incroyable à découvrir, d’autant plus avec les conditions avec lesquelles nous les avons découvert.
En revenant en milieu de journée, direction un restaurant situé pas loin de notre hébergement, pour un club sandwich – frites qui nous fait bien plaisir… On a le droit, de temps en temps, non ? 🙂
Après une pause piscine, c’est déjà l’heure du repas du soir… On ne se laisse pas démonter et retournons pour la dernière fois dans notre super resto qui propose du riz frit à l’ananas qui déchire.
Une bonne nuit plus tard, nous prenons la direction de l’aéroport de Siem Reap pour prendre notre premier avion vers Bangkok. Une chance, seules les liaisons avec Bangkok sont assurées, toutes les autres ne sont plus desservies à cause du virus qui s’étend. Nous laissons derrière nous des habitants bien en difficulté, vivant habituellement du tourisme et qui se retrouvent sans aucun touriste… Nous sommes tristes de cette situation, et inquiets de savoir de quoi seront faits leurs prochains mois…
Nous montons dans notre premier avion le cœur lourd de la fin de cette aventure, mais avec des souvenirs plein la tête de ces 5 mois de voyage. Une chose est sûre : nous avons fait le bon choix en partant vivre cette aventure. Nous en garderons des souvenirs pour toute la vie. Qu’elle est belle, la vie…
