Rouge Moscou

Rouge Moscou

Raconter notre visite à Moscou depuis la couchette n°49 du wagon 13 du train 110, entre la capitale sovié… russe et Tioumen, c’est presque encore inimaginable… Et pourtant…

Nous avons donc quitté la belle Saint Pétersbourg à bord d’un train express de la RZD (la Sncf Russe, wifi, service à la place même en seconde et divertissement numérique à la pointe de la technologie en plus…) Petite fierté nationale quand même, les trains à grandes vitesse russes ne filent [qu’à] 220km/h, notre TGV est encore dans la course !

Nous arrivons à la gare de Leningradkaya, il n’en fallait pas plus pour dessiner un petit sourire d’enfant, celui qui s’inscrit sur les lèvres quand on fait une bêtise qui n’a rien de grave, mais qui repousse un peu la limite du possible. Voir Lénine et les soviétiques, le marteau et la faucille, en vrai (en statue et en bas relief hein) en Russie, même depuis une autre époque, c’est un peu repousser les limites du possible.

Avant de quitter la gare, il s’agit de faire changer à un guichet le nom sur le billet Moscou/Tioumen de Joseph qui par la magie de l’informatique s’appelle actuellement Joseph Rambert. Les contrôleurs vérifiant les passeports avant de monter dans le train, il est impératif de faire correspondre le bon nom avec le billet. L’anglais n’est pas du tout le fort des Russes, nous parvenons tant bien que mal à faire comprendre à la très gentille agente d’accueil qu’il faut changer le Rambert en Favre. Et hop le tour est joué, nous tenons tous deux en mains notre billet pour la première partie du Transsibérien. Youpi !

A peine sortis de la gare, nous nous engouffrons dans le Metro de Moscou, s’engouffrer c’est le mot, l’escalator qui mène aux voies est looonng, on dirait qu’on descend à la mine, sauf que le puit est en marbre et les lustres brillants de dorures… Un palais souterrain pour le peuple qu’ils disaient ; et c’est vrai. Le métro de Moscou est beau, il donne envie d’y rester, pour visiter ses stations au fil des lignes. On ne peut pas en dire autant de tous les métros…

Quand je vous dis que les anciens emblèmes soviétiques sont partout, Lénine est justement là, sous la gare, dans notre station… (Sourire d’enfant)

Dans le métro

Notre auberge est deux arrêts plus loin, sur la ligne 5. Nous découvrons nos mignonnes petites capsules ou nos passerons 5 nuits douillettes. L’auberge est une auberge pâtisserie (concept sympa, où nous partageons la salle commune avec les clients qui viennent prendre un café et un kruassan comme le nom de l’auberge l’indique 😉

Le lieu est super, mais une fois n’est pas coutume, n’a finalement pas de cuisine. Ce sera donc sandwichs et restos pas chers !

Le premier soir nous ne pouvons nous empêcher de poser nos sacs et de filer sur la grande place. (Sourires d’enfants). Elle est là, la place Rouge. Avec le Kremlin, Saint-Basile, le Mausolée, le Musée national. Nous sommes tous les deux émerveillés par cette gigantesque place, et surtout cette cathédrale, symbole visuel de la Russie, Saint-Basile est en effet magnifique, imposante et très fluide, entre bonbon et glace italienne (quand on vous dit que l’architecte était italien, il n’y a pas de secrets !). Le Kremlin de l’extérieur et le mausolée de Lénine sont plus austères. Nous nous baladons dans les rues adjacentes, où le capitalisme a fait sont œuvre, implantant toutes les marques de luxe du monde nez à nez avec les ersatzd’une Russie soviétique. Tous les symboles communistes servent maintenant très bien à vendre mugs, chapkas made in China et autre goodies souvenirs pour touristes… C’est un mariage détonant. Mais nous ne nous arrêtons pas à cela, la ville nous aspire littéralement et nous promet plein de surprises !

Après une bonne nuit, nous choisissons de commencer par la visite du mausolée de Lénine, le pauvre est conservé ici contre son gré. Entre poupée de cire et hybernatus, ce petit grand homme repose ici et nous faisons le tour du corps tous à la queue leu-leu, sans s’arrêter, sous les yeux sévères de nombreux gardes en uniforme. S’en suit la nécropole du Kremlin où sont célébrer les grands Hommes de la Russie, de Gagarine à Staline…

C’est dans la file d’attente du mausolée que nous avons rencontré un collectionneur de devises. Il nous demande d’où nous venons et si nous pouvons lui donner quelques pièces de chez nous. Chloé a sur elle quelques pièces de monnaie et lui donne 10, 20 et 50 centimes d’euros. Très heureux de ces pièces, l’homme nous donne quelques Kopecks d’avant la chute de l’URSS en retour. Les Kopecks c’est bien connu, ça ne vaut pas un Kopeck, mais c’est un magnifique souvenir à garder avec nous. (Sourires d’enfants)

Pour 1000 roubles (14 euros), nous visitons l’intérieur du Kremlin. C’est immense. Et c’est là que Vladimir Poutine travaille, l’après midi selon certains, entre d’innombrables églises, un héliport et de gigantesques jardins. L’histoire de la Russie transpire de ce lieu, où les pouvoirs politiques et religieux se côtoyaient (se côtoient?) de très près. Nous visitons les églises, plus belles les unes que les autres, ils savent-y faire les orthodoxes. Les bâtiments officiels ne sont pas accessibles au public.

Nous arpenterons la ville tous les jours suivants, parcourant 92,7 km à pied au total. Tout ou presque est faisable à pied depuis notre auberge, nous en profitons donc pour nous balader à pied autour de “chez nous” pour découvrir la ville qui n’est pas complètement refaite pour le tourisme.

Nous apprenons l’existence d’un marché très populaire aux portes de la ville et décidons de nous y rendre pour y trouver une matriochka. Une petite heure de métro plus loin, nous nous retrouvons dans une zone artisanaleindustrielledebanlieu, accueillis par un groupe de musicien rockeurs en treillis, l’ambiance est plus qu’étonnante, mais tout le monde semble trouver cela normal, habituel. Nous suivons donc le flux qui se dirige vers ce fameux marché. Divisé en deux parties, le bas avec les “Souviénirs” et le haut avec le marché aux puces. Chloé est à la recherche de LA matriochka, pas en plastique, pas fabriqué à la chaine, sans stickers collés, mais bien une belle poupée russe, en bois, faite à la main. Il parait que le prix est un bon indicateur, 500 roubles c’est trop peu… Après avoir serpenté plusieurs fois dans les allées, comparant avec un regard expert les motifs, les tailles, les détails, Chloé fait affaire avec un vendeur très professionnel, qui nous explique le procédé de fabrication, fait l’éloge de la qualité de son bois, et de la dextérité de l’artiste qui a réalisé les motifs. Rouge, Noir et Or, sont les trois couleurs emblématiques de la culture russe, on les retrouve en effet sur de nombreux objets et bâtiments que nous croisons.

Le marché est donc conclu pour une matriochka de 15 pièces, pour 6000 roubles. Autant dire que c’est de la qualité (et qu’on a bien dépassé notre budget !)

L’ambiance de ce marché est surréelle, c’est un peu se balader dans le passé, imaginaire parce qu’inconnu, comme si le temps avait été suspendu. C’est un bon moment pour profiter d’une bonne brochette : le chachlik (une autre spécialité russe) et d’un thé bien chaud préparés à toutes heures dans l’allée spécialement dédiée à la nourriture. Les grillades sont réalisées sous la salle à manger, on ne vous raconte pas l’odeur de nos vêtements après ce repas !

Nous repartons du marché avec deux poupées russes et un échiquier de voyage en bois. Au moment d’écrire ces lignes, j’ai déjà appris à Chloé à jouer aux échecs. Elle a non seulement gagné sa première partie (sans aide sisi) et m’a déjà battu 3 fois en 6 parties… Je fais moins le malin maintenant !

Avant de quitter Moscou nous avions quand même deux missions importantes :
– 1 Envoyer les matriochka en France par la poste.
– 2 Aller demander notre visa mongol pour pouvoir continuer notre trajet vers la Chine.

La poste russe possède un super site internet très rassurant, mais lorsqu’il s’agit de rentrer dans le bureau de la poste, c’est plus folklorique. La majorité des magasins, cafés, restaurants, n’ont pas pignon sur rue, il faut pousser une porte pour découvrir ce qui est caché dans les bâtiments. La poste de déroge pas à la règle. De dehors cela pourrait être un entrepôt, mais non, c’est bien un bureau de poste, avec des agents de poste et un ticket pour attendre son tour. L’anglais n’est vraiment pas le fort des russes, de ceux que nous avons croisés du moins. Grace à quelques signes de la main, à google translate et un peu de patience, nous arrivons quand même à expédier notre paquet pour la France avec l’aide de notre guichetière un peu désemparée au début, mais qui a parfaitement su nous aider.

Deuxième impératif, le visa mongol. C’est le premier matin depuis notre départ qu’un réveil sonne pour nous rendre à l’ouverture au consulat mongol. Nos recherches indiquaient que la queue pouvait parfois être longue et que les demandeurs de visas pouvaient déjà être là une heure avant l’ouverture. A notre arrivée, 25 minutes avant 9h, nous étions parfaitement seuls… Nous attendons donc patiemment l’ouverture.

Un premier check de sécurité au rez-de-chaussée, avant d’accéder à l’étage pour déposer notre dossier. Un grand tapis et une table de réunion comme seule décoration, nous traversons la pièce pour nous présenter devant une vitre derrière laquelle nous devinons une silhouette. Je dis deviner car ce qui sert de guichet est constitué d’un verre sans tain sous lequel un néon très lumineux nous éblouis littéralement. Elle, derrière sa vitre, doit bien nous voir pour le coup !
Hormis la petite course pour aller échanger 14000 roubles en dollars pour pouvoir régler les frais consulaires qui ne peuvent être payés qu’en USD et en espèces, tout se passe bien, nous pouvons bien récupérer nos visas dès le lendemain. Exactement comme ce que nous avions prévu. Bon, aussi parce que notre train partait également le lendemain soir…

Avant de partir prendre le train, nous devons également raconter que nous avons perdu la clef de notre capsule… Un soir en allant faire trois courses, la clef a dû tomber d’une poche… Nous avons refait le chemin en sens inverse, vider et revider nos sacs et nos poches, mais rien n’y a fait, nous avions perdu notre clef… Le matin du départ est également le moment où je me rends compte que mon sweat n’est pas dans mon sac et qu’il a dû rester sur le dessus de mon casier, à Saint Pétersbourg… Nous passerons donc notre dernière journée à Moscou à chercher deux tasses (indispensables pour passer le temps et boire le thé dans le transsibérien), deux paires de moufles (indispensables pour protéger nos doigts des moins 13° annoncés à Tobolsk) et un sweat de remplacement, pour ne pas mourir de froid tout simplement. Cette journée a été l’occasion de visiter un Intersport russe, et de nous rendre à l’extérieur de la ville dans un mall immmmmmense, où nous avons d’ailleurs pu faire des provisions dans un Auchan 😉 Anecdote de consommateurs, les produits de ce Auchan son similaires aux nôtres, sauf les chips aux goûts plus farfelus les uns que les autres. Il n’y a pas de chips goût chips (au sel quoi), ici tout est permis, goût poisson ketchup, crabe, fromage piment…

Mais il est maintenant temps de monter dans le train ! On vous raconte tout ça bientôt !



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