Tiantou, petit village au cœur des rizières en terrasses

Tiantou, petit village au cœur des rizières en terrasses

C’est sur la route vers les rizières en terrasses de Longji que nous découvrirons, à bord de notre bus, qu’il est tout à fait envisageable de doubler une voiture alors que cette dernière est elle-même en train de dépasser un véhicule ; et que de le faire dans un virage c’est encore plus fun. Hé oui, nous ne sommes pas encore complètement habitué à la conduite asiatique… Bientôt, nous ne nous étonnerons même plus de ce genre d’action !

C’est dans le dernier bus pour un des petits villages situés au milieu des rizières que nous rencontrons Jean-Claude, un français, la soixantaine. 

Passionné de la Chine et en particulier de ce petit village, nommé Tiantou, qu’il vu grandir, selon lui beaucoup trop et beaucoup trop vite, passant des petites maisons de bois aux bâtiments plus grands transformés en hôtels et de la charrue à main aux motoculteurs, Jean-Claude est un homme passionnant. Avec lui, nous découvrons l’histoire de ce lieu et de ses habitants. Venu pour la première fois il y a 15 ans, il dit s’être demandé s’il n’était pas mort une fois arrivé ici, tant le lieu lui semblait être le paradis. Au fil des semaines et des mois qu’il passe avec les habitants de cette bourgade (il y restera 6 mois la première fois), il en profite pour exercer sa passion : la photo et la vidéo. De ces captations sortiront deux livres et un film. Nous avons eu le plaisir de feuilleter un de ses livres en arrivant dans le village. Une belle introduction à tout ce qui allait suivre…

À notre arrivée au village, nous découvrons que nous logerons dans le même hôtel. Ce dernier est tenu par un couple devenu ses amis : Ai Ming et Liao To. Ici, c’est son cocon à chaque fois qu’il revient ici, donc chaque année depuis 15 ans. 

Jean-Claude est une star dans le village. Ici, tout le monde l’appelle “Faguo Yéyé”, qui signifie “Papi français”. Il a tout vécu avec les habitants : les naissances, les mariages, les décès. Les habitants, de la  minorité Yao, le saluent, avec beaucoup de pudeur, de rigueur pour un peuple dont la culture l’impose. Pas de grandes embrassades donc, mais une émotion palpable.

Jean-Claude nous propose alors de faire un tour du quartier, qui lui permettrait d’aller saluer d’autres têtes connues. Nous sommes ravis de pouvoir découvrir le coin avec un regard aussi pointu et sensible sur le village. 

Nous passons de maison en maison, dégustant une orange au coin du feu chez les uns, buvant du thé, toujours au coin du feu chez les autres. Ils vivent dans les dernières maisons d’époque du village. Une grande pièce avec un feu de bois à même le sol constitue leur pièce à vivre.  

Chacun assis sur un minuscule tabouret, ils se réchauffent, discutent ou… naviguent sur leur smartphone. Oui, parce qu’ici aussi, la technologie est arrivée. Et Jean-Claude nous raconte à quel point tout a changé si vite ces 20 dernières années dans le village. En 2002 arrive l’électricité, en 2004 le téléphone et en 2006 internet. Rendez-vous compte comme c’est allé vite, par rapport à chez nous… Et ils ont su s’emparer de ces nouveaux outils, qu’ils maîtrisent à la perfection. 

Jean-Claude nous fait également remarquer des cercueils stockés sous un abris près des maisons. Il s’agit des futures dernières demeures des villageois, très prévoyants. Nous découvrons également les stelles contre la colline, derrière laquelle les corps des défunts ont été enfouis. Il a lui-même assisté aux cérémonies entourant la disparition d’un proche, visiblement très processionnelles et touchantes, guidées par un chaman. 

Avant, nous dit Jean-Claude, c’était un tout petit village, qui vivait essentiellement de la culture des rizières. Et puis un jour, les touristes ont commencé à arriver… Les villageois ont alors esssayé de vendre quelques objets, quelques broderies. Puis chacun à commencer à vouloir son hôtel. Aujourd’hui, des dizaines d’hôtels, pas toujours construits avec l’esprit du village, jalonnent le terrain. Ils n’ont jamais été aussi riches, les villageois. Mais quel dommage d’avoir perdu le calme, la simplicité et la quiétude des lieux… Heureusement, ils n’abandonneront pas les rizières puisque ce sont elles qui font venir les touristes, ouf… 

Quant à nous, nous avons la chance d’être en hors saison, hors week-end et avec un temps pas vraiment optimal, donc nous jouirons du village sans autres touristes que nous. La quiétude des lieux revient en effet pendant l’hiver. 

Comme elles sont belles ces rizières… Taillées à flanc de colines comme ça, c’est incroyable… C’est la première fois que nous avons devant les yeux des rizières en terrasses, et ça fait quelque chose… C’est une atmosphère très poétique, renforcée par la brume et l’humidité ambiante. On se balade le long des petits sentiers, on adore. 

Nous sommes entre deux périodes de culture. Nous pouvons donc voir les tiges coupés à leur base. Dans quelques mois, le sol sera travaillé et la mise en eau réalisée pour accueillir les nouveaux plants. Les terrasses sont donc plutôt sèches et vertes foncées, et on aperçoit des traces de pas issues de la dernière cueillette. 

C’est à table que nous et nos estomacs passeront également de très bons moments dans ce petit village. Notre hôte est une excellente cuisinière et nous concocte porc, poulet, aubergines, riz ou encore frites à la perfection. Le matin, pour notre plus grand bonheur, c’est crêpes ! Des vraies crêpes comme chez nous ! Il semblerait que Jean-Claude le breton soit passé par là…Nous mangeons à la table principale du rez-de-chaussée, sous laquelle est installé le chauffage central : un feu de bois est effectivement glissé sous la table pour nous réchauffer en cette période fraîche. Et ça marche, on a tout de suite plus chaud ! Pour nous réchauffer encore davantage, nous découvrons l’alcool de riz. À 20° d’alcool, le beuvrage est tellement sucré qu’on le boit comme du petit lait. Heureusement, les verres sont petits…

Quelle chance d’avoir rencontré Jean-Claude sur notre route ; il nous aura permis de poser un regard tout particulier et emprunt d’histoire sur ce mignon petit village. Nous avons adoré ces moments hors du temps. 



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