Xi’an et son armée de terre cuite

Xi’an et son armée de terre cuite

Xi’an est une petite ville de sept millions d’habitants. Comparée à Pékin, ça fait petit 😉

Nous y sommes pour trois nuits dans une grande auberge/hôtel dans les remparts. Ancienne ville comptoirs de la route de la soie, Xi’an a gardé un peu de sa superbe historique. Les immenses remparts entourant toute la ville sont toujours là. D’une capacité d’accueil de 100’000 personnes, ils se visitent maintenant pour 50 yuan. Nous préférons les visiter d’en bas, ne comprenant pas vraiment le principe de la balade payante pour le coup, et surtout pour profiter des rues de la villes. D’un aspect bien organisé en rues perpendiculaires, nous rentrons rapidement dans d’innombrables petites ruelles. Certaines désertes, et d’autres incroyablement animées. Nous entrons à l’ouest dans le quartier musulman. Les temples laissent place aux mosquées, et les supérettes au souk. On sent comme un léger changement de culture, totalement imbriquée dans les habitudes contemporaines. Officiellement, les chinois ne sont pas croyants, dans la pratique, on pratique. La liberté de culte est encore un peu limitée en Chine, donc ce quartier musulman peut faire office de vitrine, comme un témoin de bonne volonté. Il n’en reste que les étales sont pleines et que les spécialités de la ville y sont toutes concoctées ici. On parcourt les rues de jour pour faire ses provisions en produits frais, et le soir pour flâner et manger, en profitant de cris aguicheurs des tenanciers de stands de street food comme on dit dans le jargon 😉

Ce sera notre lieu de sortie nocturne.

On l’avoue, après l’avoir visité, le meilleur atout de Xi’an reste l’armée de terre cuite, que l’on peut visiter à une trentaine de kilomètres de la ville.

Le site est très commercial. Tout est fait pour permettre au touriste de consommer avant et après l’entrée dans le parc : restaurants, boutiques souvenir, tours guidés… On se croirait encore une fois à l’entrée d’un Disneyland. A la taille des portiques de contrôle des billets, on comprend que l’affluence en saison haute doit être énorme, il doit y avoir 30 files, de 50 mètres chacune… On est contents que seulement deux files avec personne dedans soient ouvertes le jour de notre visite…

Le site est structuré par trois parties couvertes qui sont encore en cours de fouilles archéologiques, et des bâtiments annexes avec quelques éléments de compréhension générale. On n’est pas encore dans un musée au sens propre, puisque sont présentées des reproductions à l’échelle des découvertes faites sur le site. On peut également retracer l’histoire du site lui même, depuis sa découverte dans les années 70 par des agriculteurs, jusqu’à aujourd’hui.

La plus grande découverte archéologique de notre époque, c’est comme ça qu’est présentée cette armée. Nous visitons les lieux de fouilles, et en effet, c’est impressionnant. L’état de conservation étonnamment bon de tous ses soldats, et le nombre absolument incroyable qui ont été ensevelis ici. On n’en reste bouche bée… Un peu comme si le temps s’était arrêté, cette armée nous fait face, bien alignée en rangs de quatre soldats.

Bien que la visite se fasse depuis une coursive en hauteur, autour des puits de fouilles, nous sommes assez proches des soldats pour découvrir leur expression et les différentes postures. C’est criant de réalisme. On dirait presque des vrais hommes figés.

On en apprend un peu pendant la visite, mais il est bien utile de faire un tour sur wikipedia pour comprendre mieux l’histoire de cette armée. Ce qui est le plus marquant reste la méthode de fabrication. Sans dire qu’il s’agisse d’archéofordisme, on apprend que chaque partie du corps de ces soldats a été produite à la chaîne, bras, bustes, jambes, têtes, mais, chaque partie du corps était produite selon des moules, puis assemblée sur place, un peu comme une chaîne d’assemblage Renault… Et cela a été bigrement efficace, puisqu’il aura fallu 40 ans pour produire et enterrer plus de 8’000 soldats. Tout cela 200 ans avant Jésus Christ, grâce à plus de 700’000 travailleurs afin de protéger le premier empereur de Chine après sa mort. On est aussi étonné de trouver des soldats avec leurs chevaux et des chars, tous armées des mêmes armes qui étaient utilisées à l’époque. Cette armée protège le tombeau de l’empereur à quelques centaines de mètres.

Les fouilles donnent notamment des détails pour comprendre les techniques de guerre de la Chine de l’époque.

Nous passons une belle journée à serpenter dans les différentes fosses. Nous l’avons vu, cette armée dont on parle depuis qu’on est petits…

Les jours qui suivent, nous nous baladons dans Xi’an, au hasard des rues. La ville est vivante, et il est très agréable d’y flâner tranquillement.

Nous partagions notre chambre d’auberge avec un jeune chinois, étudiant dans la ville. D’abord peu bavard, il engage un soir la conversation s’étonnant de notre calme et de notre discrétion dans la chambre. Il faut dire que pour ne pas trop le déranger, nous ne faisions pas trop de bruit avant 16h, l’heure de son réveil, Il est étudiant on vous a dit 😉

Il se trouve qu’il lit la presse internationale et qu’il a plutôt l’esprit critique, notamment du contrôle des médias et de la presse. Il blague en nous demandant comment nous pouvons être si calmes, alors que nous manifestons tout le temps en France. Plutôt bon connaisseur de l’histoire de France (de la guillotine et de la révolution française surtout), il est curieux de nous avoir rencontré et de comprendre un peu mieux ce qui nous motive. Nous échangeons assez longuement sur le sujet, et expliquons que nous ne faisons quand même pas de manifs tous les matins, et que c’est surtout pour protéger nos acquis sociaux. Concept qu’il comprend, mais qui ne s’applique pas vraiment à son cadre politique à lui. La dernière manifestation en Chine à été réprimée assez durement, et la propagande d’Etat donne raison au gouvernement… Selon notre interlocuteur, le manque de presse libre et d’information non contrôlée par l’état est un problème pour se faire son propre opinion. Il concède cependant que pour gérer (contrôler) un peuple si grand et si disparate, l’Etat doit trouver des solutions… Selon lui toujours, l’éducation doit encore s’élargir avant de permettre à tout le monde d’accéder à des informations libres. La question de la démocratie ne se pose même pas encore…

Nous échangeons nos noms, lui, c’est Jack, enfin Jack s’il avait dû choisir un nom mondialisé, il se dit quand même qu’il n’a rien d’américain et qu’il pourrait finalement garder son nom chinois. Après ses études il prévoit de devenir Youtuber, et de voyager, notamment en France. Peut-être aurons nous de ses nouvelles !

La question de la censure d’Etat nous turlupine depuis notre arrivée. Ressortissants étrangers, nous utilisons un VPN sans trop nous poser de question, celui-ci nous permettant d’accéder à notre boîte-mail de Google, de retrouver Facebook et Instagram… Mais pour un Chinois, c’est moins facile puisqu’ils sont sujets à des poursuites. Notre interlocuteur nous raconte son expérience avec la police suite à un post malencontreux sur l’équivalent du Twitter chinois. Celui-ci lui a valu la visite de deux policiers au petit matin, lui présentant le post en question. Rien de grave puisque cela se termine par un avertissement en lui demandant de retirer ce post et de ne pas inciter au désordre.

Pour vous donner une idée, toutes les recherches (oui oui toutes) contenant le nom du président chinois n’aboutissent pas. Les images contenant le nom du président ne s’affichent pas. Par extension, tout texte ou image considérés inappropriés par le gouvernement peuvent-être supprimés d’un post sur internet.

Étonnante conversation dans cette grande chambre calme avant le dîner…

C’est aussi à Xi’an que nous rencontrons, au détour d’un parc, les CV accrochés par les parents de célibataires afin de trouver un.e compagnon.gne à leur enfant… On en avait entendu parler, comme c’est étrange de le voir en vrai… Des centaines de CV (comprenant, âge, taille, salaire, surface de l’appartement, etc) sont présentés, accrochés à des ficelles entre les arbres ou disposés sur des tables. Les parents étudient les uns et les autres, et se contactent entres eux… Le célibat état assez mal vu en Chine, toute la famille s’y met ! Ce parc est très vivant, surtout pour les retraités, qui profitent du soleil, et s’adonnent au karaoké en plein air. Ambiance !

Lors de nos visites urbaines, nous avons tendance à trouver un petit restaurant qui nous sert un peu de cantine. Xi’an n’y manque pas, les Three Sisters à 15 minutes de notre auberge nous ravissent à chaque repas. Nous pouvons y découvrir de merveilleux petits plats locaux très bon marchés. Et, comme son nom l’indique, les trois sœurs qui tiennent le resto sont en plus très sympathiques !

Nous finissons par quitter Xi’an en train, direction le parc national de Zhangjiajie !



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