Nos derniers pas en Chine

Nos derniers pas en Chine

Nous arrivons donc, depuis le parc national de Jiuzhaigou, à Chengdu. À l’entrée de la ville, des contrôles de température de l’ensemble des passagers ont lieu, dans le cadre de la prévention de contamination par le coronavirus. Enfin, PRESQUE pour l’ensemble des passagers… Nous arrivons en fin de journée, les voitures s’amassent devant l’entrée des vérifications médicales. Trop, sans doute, puisque le policier en charge de réguler la circulation nous fait signe de passer à côté. Au travers, donc, des vérifications médicales. Un filet de sécurité comportant de beaux trous, donc. Mais nous savons déjà que nous sommes en pleine forme puisque nous avons déjà été contrôlés en sortant de la province du parc national et notre température avait été jugée normale.

Nous arrivons donc en centre-ville, notre taxi d’un jour nous déposant à quelques pas de notre auberge. La ville est assez calme, il n’y a pas grand monde dans les rues et il semble que beaucoup d’établissements soient fermés.

Arrivés à l’auberge, nous sommes très bien accueillis par une jeune fille qui, avant de nous donner notre clé, nous prend à nouveau notre température. Remercions à ce titre l’inventeur du thermomètre frontal, sans qui nous serions à présent en bien mauvaise posture, c’est le cas de le dire. Elle prend la température de Joseph et lui dit que tout va bien. À mon tour, je passe mon front sous le thermomètre et là, elle me lance “ouuuh c’est un peu chaud ça”. Elle me montre : 37. Je n’ai pas fait de brillantes études de médecine mais ça me semblait être la température normale du corps humain… mais peut-être pas en Chine. Elle m’informe que ce doit être à cause du bonnet que je portais quelques minutes auparavant et me dit qu’elle va reprendre ma température dans quelques minutes. Deuxième vérification, elle semble soulagée : 36,4. Bon, du coup là c’est moi qui suis inquiète d’avoir une température si basse. Mais apparemment c’est ce qu’il faut, donc c’est parfait.

Nous montons dans nos dortoirs respectifs (la majorité des dortoirs n’étant pas mixtes en Chine) et découvrons par la même occasion que les lavabos des salles de bain communes sont à l’extérieur, sur le balcon du bâtiment… Toi aussi, brosse toi les dents face à 3 immeubles de 50 étages 😉

Nous descendons dans la pièce commune et discutons de la suite à donner à notre voyage. La veille, nous avions appris que le dernier lieu où nous souhaitions nous rendre dans le sud du pays avait été fermé à cause du virus. Et nous sommes inquiets de voir que les services de transports sont peu à peu supprimés. Je panique un peu, propose à Joseph de prendre un avion pour sortir le plus vite possible du pays, mais lui souhaiterait que nous poursuivions en train, tout en avançant notre date de sortie. Dans le doute, nous interrogeons la gentille jeune fille de l’accueil pour avoir son avis. Pour elle, nous devrions partir, et en avion. Mais rien à voir avec le virus, elle juge simplement que tout est fermé ici, qu’il n’y a plus rien à faire. Et en avion ça va plus vite, pourquoi s’embêter avec le train… Nous lui demandons alors si elle est inquiète pour le virus. Elle nous dit que non, en portant un masque il n’y a aucun risque. Nous restons septiques face à cet échange et décidons donc de suivre nos propres choix : nous partirons en train. Seul bémol : nous devons récupérer notre billet de train Nanning – Hanoï, acheté via une agence lors de notre demande de visa chinois. Un coursier était censé nous le livrer trois jours avant notre arrivée, mais rien… Et on en a besoin pour pouvoir en modifier la date et utiliser le billet. Il arrivera certainement le lendemain…

Le lendemain, nous décidons de visiter la ville. Après avoir découvert la place principale de la ville, très fleurie, nous nous rendons au parc People’s Park. Il est joli ce parc, avec ses petits lacs, ses petits ponts, ses jolies barques colorées qui doivent faire la joie des habitants et passants le printemps venu, et ses parapluies et autres lanternes pendus au-dessus des allées, pour le décorer encore un peu plus.

Nous finissons notre sortie en dégustant de très bons petits buns, préparés sous nos yeux par de jeunes hommes talentueux dans la préparation de ces petites merveilles que nous dégustons sur un banc de la place de la ville.

Une lessive et un apéritif pris sur le toit terrasse de notre auberge, nous sortons acheter à manger et revenons dans la pièce principale histoire de ne pas aller se coucher tout de suite. L’équipe de l’auberge est là, grignotant des graines de tournesol, qu’ils nous offrent le sourire aux lèvres. À la télé, on voit des infirmiers.ères et des médecins qui prennent le train pour aller porter main forte aux équipes médicales de Wuhan. Tout semble sous contrôle.

Après quelques graines de tournesol, un couple arrive dans la salle et nous lance un “salut !” nous laissant deviner leur nationalité. Il est français, elle est colombienne et ils sont arrivés, comme nous, depuis la France sans prendre l’avion. Et, comme nous, Gourangi et Adrien souhaitent sortir de Chine dès que possible. Nous passons une agréable soirée avec eux, échangeant sur nos itinéraires respectifs. Nous échangeons nos coordonnées ; nous nous reverrons probablement au Viêtnam, puisque nous poursuivons nos voyages là-bas.

C’est à 22h45 que le fameux livreur attendu toute la journée arrive, nos billets de train en main. Miracle. Enfin, miracle pour nous, pas pour le droit du travail chinois.

Le lendemain, nous prenons donc la direction de Nanning, au sud-est de la Chine, notre dernier stop avant notre sortie du pays.

Arrivés à 21h à Nanning, le métro est stoppé depuis quelques minutes, pour cause de coronavirus, il ne recommencera son service que le lendemain (ne nous demandez pas pourquoi…). Pour la première fois de notre voyage nous finirons donc notre trajet en taxi, notre hôtel étant loin de cette gare excentrée.

Après une bonne nuit de sommeil, nous nous rendons à la gare centrale de Nanning, depuis laquelle nous partirons pour le Viêtnam. Objectif : faire modifier notre billet pour quitter le territoire au plus vite. En entrant dans l’enceinte de la gare, nous nous dirigeons vers le guichet annonçant English speaking. Un couple d’étrangers est en train – nous l’apprendrons plus tard – de faire modifier leur billet également. Sans aucune difficulté nous parvenons à faire modifier la date du billet pour partir le jour même à 18h05. La guichetière nous fait la modification à même le ticket, barrant les anciens numéros de sièges pour écrire les nouveaux. Collector, ce billet.

Nous retournons à l’hôtel, attrapons nos sacs et partons déjeuner. Un petit boui boui nous régalera une dernière fois. Nous parcourons ensuite les quelques magasins ouverts de la ville pour dépenser nos derniers yuans et nous approchons de la gare.

Quelques heures plus tard, nous sommes dans le train couchettes en direction du Viêtnam. Ouf, nous avons réussi ! Seul bémol : nous avions demandé un evisa, nous permettant de rester 1 mois au Vietnam. Mais nous l’avions demandé pour une entrée le 6 février, comme convenu initialement. Partants plus tôt, il est donc inutile, puisque nous sommes le 31 janvier… Zut, 25$ chacun perdus, dommage… Heureusement, nous faisons partie des nationalités ayant droit à un visa gratuit de 15 jours à l’arrivée, nous opterons donc pour cette solution, puis nous verrons pour la suite.

Installés dans le compartiment d’à côté, le couple que nous avions aperçu le matin à la gare. Nous faisons connaissance : Emily et Sean sont anglais, la trentaine. Nous discutons une bonne partie du trajet, nous partageons nos bières avec eux, et eux leurs chips.

Nous sommes quant à nous dans un compartiment de 4 avec un jeune couple et une petite fille d’à peine 1 an. Je ne vous cache pas l’angoisse à la vision de ce petit être avec qui nous allions devoir passer la nuit… Mauvaise langue que je suis puisque cette enfant dormira une bonne partie de la nuit et nous ne l’entendrons pas.

De toutes façons, ce trajet n’est pas vraiment fait pour dormir. Quelques heures après être partis, nous nous arrêtons une première fois pour passer la frontière chinoise et ainsi sortir du pays. On nous fait remplir un document de type “décharge de responsabilité”, où nous devons globalement jurer que nous ne sommes pas malades. Deux dames affublées de lunettes de protection – tellement remplies de buée qu’elles ne voient quasiment plus rien – récupèrent le document et nous prennent notre température. Tout va bien pour nous. En revanche, le monsieur du couple partageant notre compartiment semble en mauvaise posture, sa température ayant été décelée comme étant trop haute. On lui demande d’attendre un peu plus loin avec sa femme et son bébé et on lui conseille d’enlever sa veste pour que sa température redescende (pas mal comme technique, hein ?! A d’autres frontières, ils mettent les gens sous la clim, nous a-t-on dit…). Après une nouvelle vérification, il peut embarquer avec nous, ouf.

Nous discutons à nouveau avec nos nouveaux amis anglais et décidons de nous reposer un peu avant le prochain stop durant lequel nous passerons cette fois la frontière vietnamienne. Cette dernière arrive rapidement ; nous attrapons nos sacs et descendons sur le quai. Ici, pas de quai flambant neuf avec un passage ultra sécurisé comme en Chine, on traverse les voies à même les rails, passant d’un quai un peu cassé à un autre quai un peu cassé. Nous faisons alors la queue à la suite des autres passagers, s’arrêtant à un panneau nous informant que seuls les passagers en bon état de santé pourront passer la frontière et qu’un examen médical est obligatoire. On s’imagine alors déjà rencontrer un médecin vietnamien, qui va nous poser des tas de questions. Pourvu qu’il parle anglais… La queue avance, on se retrouve alors dans une petite salle où, assis autour des tables, les passagers remplissent une fiche. Ils ont l’air concentrés. A notre tour, nous nous installons, demandons une fiche en anglais parce qu’en vietnamien ou chinois c’est un peu trop compliqué pour nous. La fiche nous demande de renseigner nos informations personnelles, de dire quelques sont les zones que nous avons traversé ces 14 derniers jours et si nous avons des symptômes de type mal de tête, toux, difficulté respiratoire, etc. A la lecture de tous ces symptômes, j’en ressens bien évidemment les effets. Moi, hypocondriaque ? Que nenni ! Je coche scrupuleusement les cases “non”. On passe ensuite devant une dame, qui récupère notre papier en regardant à peine son contenu et jette un œil à la caméra thermique qui ausculte en temps réel les passagers de la salle. A priori, nous sommes tous en pleine forme. Nous passons alors dans la pièce suivante, pour le passage de la frontière. Nous arrivons alors dans une salle, affublée d’une fausse passerelle menant à une photo d’un wagon de train, devant lequel se tient Kim Jong-un. On se demande un instant si on arrive bien dans le bon pays. Et surtout, que fait cette photo dans ce lieu, ou plutôt cet homme dans ce lieu. Sourire en coin, nous nous avançons vers un premier policier qui nous fait signe d’attendre que les guichets se libèrent. Il demande alors à Joseph quel âge il a, allez savoir pourquoi… Les guichets se libèrent, nous nous avançons, nous recevons notre visa gratuit de 15 jours. Nous nous retournons pour partir, mais un nouveau policier vérifie que son collègue a bien fait son travail en regardant le tampon. Il pose alors une nouvelle question au hasard. Pour Joseph ce sera cette fois “D’où venez-vous ?”. Joseph répondra “Nanning !” avant de donner la bonne réponse.

Nous sortons du poste frontière et remontons dans le train. Ce n’est qu’après plusieurs minutes que le couple d’anglais nous rejoindra, stupéfaits. Eux avaient bien demandé le bon evisa mais à la bonne date… mais les policiers n’avaient aucune idée de ce qu’était un evisa. Ils auront donc, comme nous, un visa de 15 jours. Nous apprendrons par la suite que le poste frontière par lequel passe le train n’est pas éligible au evisa ; que le poste frontière par lequel nous pensions passer est en réalité celui situé sur la route, donc par lequel on passe en voiture ou en bus. Pas de regret donc, notre evisa n’aurait de toutes façons pas été valable…

Nous retournons nous allonger jusqu’à l’arrivée à Hanoï, à 5h30 du matin. Nous sortons du train, saluons nos nouveaux amis, nous promettant de nous revoir plus tard en ville. Nous marchons jusqu’à notre hôtel. Ça y est, nous y sommes ; nous sommes au Viêtnam.



2 thoughts on “Nos derniers pas en Chine”

  • soulagés de vous savoir hors de chine sans dommages même si vous n’avez pas pu voir tout ce que vous aviez prévu ! bonne cobtinuation bisous de nous deux

    • Merci à vous deux, tout va bien en effet, on ne se sentait pas en danger en Chine, mais il nous avait quand même semblé qu’il était temps de quitter le pays avant que la situation n’empire… Nous poursuivons avec plaisir au Vietnam, donc tout va bien !

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